lundi 6 janvier 2014

Croissance du jeune cheval

Quel cavalier n’a pas un jour entendu une personne qualifier tel cheval de "précoce" ou tel autre de "tardif", mais quesako? 

Il est d'usage de dire que les chevaux de courses et les quarter horses sont adultes -comprendre "peuvent être montés" - vers 18 mois alors que les purs sangs arabe et les ibériques ne le sont pas avant leurs 4/5 ans. Les premiers sont donc des races dites "précoces" et les seconds "tardives".
Cette croyance (très) populaire est totalement FAUSSE!

Quelque soit leur race, tous les chevaux se développent à la même vitesse du point de vue squelettique, avec plus ou moins de prise de taille les dernières années de la croissance.

Grâce aux études réalisées par le Docteur Bennett (fondatrice en 1992 de l'Institut d'études équines) ayant pour sujet la croissance du cheval, on a pu déterminer que cette dernière ne se terminait que vers les 6/7 ans de l'animal, confirmée par la fusion des cartilages de croissance situés à chaque extrémité des os (un article y sera exclusivement consacré prochainement).

De même,  la morphologie et le sexe de l'équidé sont  des facteurs qui entrent dans le calcul permettant de déterminer l'âge adulte. En effet, un cheval grand et long finira de se former plus tard qu'un petit et court poney et un mâle voit sa croissance rallongée (+6 mois en moyenne) par rapport à une femelle.

Qui plus est, un cheval ne grandit pas de manière désordonnée contrairement à ce que l'on pourrait observer sur des poulains vu les proportions surprenantes que prennent certaines de leurs parties corporelles à certaines périodes.... Et non, la croissance a un sens et celui-ci lui est dicté par le "processus de conversion des cartilages de croissance en os" qui se fait de bas en haut. 
En termes plus simples, c'est d'abord les os les plus proches du sol qui se soudent en premier et donc plus on se rapproche du dos de l'animal, plus la fusion se fait tard.

 Le premier cartilage à s'ossifier, lors de la naissance, est la 3eme phalange (os du pied) et les derniers sont les vertèbres situées entre la base de l'encolure et le début du thorax (donc la zone du garrot!)

Avant de continuer, nous allons prendre connaissance de "l'agenda de la croissance" établi par le Dr Bennett et son équipe (je vous joins un petit schéma explicatif afin de rendre ce dernier plus facile à visualiser). 
Comme nous venons de le voir, le 1er cartilage à fusionner est celui de la 3ème phalange, viennent ensuite dans l’ordre croissant :
·         Deuxième phalange: de la naissance à 6 mois
·         Première phalange: entre 6 mois et 1 an
·         Canon: entre 8 mois et 1,5 ans

Avant-main
·         Os du genou: entre 1,5 ans et 2,5 ans
·         Bas du cubitus et du radius: 2 ans à 2,5 ans (les 2 os se soudent ensemble une première fois vers les 3-4 mois)
·         Encolure: 2,5 ans à 3 ans
·         Portion porteuse du glénoïde (haut du cubitus-radius): 3 ans à 3,5 ans
·         Humérus: 3 ans à 3,5 ans
·         Omoplate (bas, portion porteuse): entre 3,5 ans et 4 ans

Arrière-main:
·         Acetabulum (partie de l'os coxal qui reçoit la tête du fémur): 18 mois
·         Rotules et tarses: 1 mois
·         Sacrum (bassin): 12 mois à 18 mois
·         Tibia et fémur: 3 ans et 3,5 ans
·         Croupe (pointe hanche, pointe fesse, dessus croupe): 3 ans à 4 ans
·         Calcanéum ("pointe du jarret"): 4 ans
http://alecuyerosteoequin.blogspot.fr/


Tête:
·         Os temporaux: 2 à 4 mois
·         Os maxillaire et mandibule: 6 mois
·         Os occipital: 6 mois à 2 ans
·         Os sphénoïde: 6 mois à 4 ans
·         Os pariétaux: de 15 mois à 3 ans
·         Os frontaux: de 5 ans à 7 ans
http://alecuyerosteoequin.blogspot.fr/

Au vu de ces informations, nous pouvons établir 2 choses importantes à retenir:
1.       Il est impératif de ne "PAS FORCER" un jeune cheval afin de ne pas perturber la formation de son squelette. Certaines méthodes de travail (apprendre l'attache aux poulains en les laissant tirer au renard,  monter trop tôt, trop longtemps et trop régulièrement un cheval juvénile, lui faire répéter souvent et longtemps  des exercices contraignant physiquement, etc...) sont à bannir. De même, certaines coutumes, comme le débourrage précoce monté du cheval , doivent être revues sérieusement pour le bien-être de nos amis à sabots.

Je me permet de partager avec vous un petit "guide" personnel de la fréquence maximale à laquelle doit être travaillé un cheval en fonction de son âge
Âge
Nb de sortie(s)/semaine
3 ans
1
4 ans
2 à 3
5 ans
3 à 4
6 ans
4 à 5
7 ans
5 à 6

Bien sûr ce tableau est purement objectif et la durée ainsi que la difficulté de la séance doivent être prise en compte dans le nombre de sorties prévues.
2.       Et enfin, Il est très important de faire suivre un cheval en croissance régulièrement  (2 fois/an) par un ostéopathe afin d'optimiser son développement. 
      De par sa jeunesse, énergie, croissance, cabrioles, débourrage etc... un jeune cheval peut avoir à compenser beaucoup de blocages physiques. Ces derniers peuvent perturber et modifier de manière importante la formation du squelette de l'animal provoquant pour plus tard d'autres compensations qui seront gênantes (voir handicapantes). Elles seront très difficiles à résorber car installées depuis très/trop longtemps d’où l’importance de s’en occuper le plus tôt possible.

En conclusion, aucune race n’est dite précoce ou tardive. Tous les chevaux grandissent à une vitesse plus ou moins comparable. Leur développement doit être suivi  sérieusement et il est plus que judicieux de s’entourer de professionnels (ostéopathe, vétérinaire, maréchal, pareur, éducateur…. la liste peut être plus ou moins longue en fonction des compétences personnelles de chaque propriétaire) et de revoir certaines traditions de travail du jeune cheval  pour garantir la meilleure forme à nos compagnons sur de nombreuses années.

PS : Il est primordial de faire suivre régulièrement les pieds d'un poulain par une personne compétente pour éviter toutes déformations de ces derniers (qui risquerait de se transformer en défaut de membre) et garantir la qualité des aplombs

Divers

Avoir son propre cheval est le rêve de nombre d'entre nous. C'est à la fois un grand bonheur mais aussi source de tracasseries.
Akropol Ka

S'entourer de professionnels compétents est essentiel. En effet, sans une personne qualifiée pour s'occuper des pieds (pareur ou maréchal), un vétérinaire compétent, du matériel (entre autre une selle) parfaitement adapté à sa monture et un ostéopathe chevronné, la santé du cheval peut en pâtir et donc le rêve d'être propriétaire se transforme en calvaire.


L'intérêt de faire effectuer un contrôle ostéo à son cheval réside dans le fait que, à un instant T, on fait un "bilan dynamique", palpatoire et biomécanique précis des lésions et des différentes compensations qui ont pu s'installer. 

En gros, l'ostéopathe regarde le fonctionnement du corps du cheval, sa biomécanique, étudie les différentes compensations et lésions présentent et recherche leurs origines. 

En partant de là, il va manipuler le cheval afin de le ré-équilibrer, le remettre dans un état physiologiquement correct et faire en sorte qu'il le reste en éliminant les "causes" des blocages découverts. Cela permet d'anticiper et de prévenir les dysfonctions qui "au début ne se manifestent pas cliniquement", c'est à dire que l'on ne peut pas vraiment qualifier de "blessures" et d'éviter des lésions ultérieures plus graves.



Après une séance, votre cheval aura un nouvel équilibre: disparition des boiteries, amplitude plus grande, voir moins ou plus aucune défense (au pansage, au moment de seller, au travail etc...). 

Il ne lui restera plus qu'à intégrer son nouveau schéma corporel, ce qui peut être plus ou moins long (de quelques jours à quelques semaines) en fonction des lésions présentes.

La période de réadaptation n'est qu'un petit sacrifice à faire pour les propriétaires soucieux de la santé de leurs chevaux et ils sont largement récompenser de leur patience lorsqu'ils peuvent de nouveau travailler avec un compagnon "bien dans son corps", c'est le plus beau cadeau!


En ce qui concerne la régularité des visites, un cheval de loisir, sauf accident de pré ou lors du travail, peut se contenter d'une séance d'ostéopathie par an mais chez un cheval de sport, soumis à de nombreux stress physiques et psychologiques de part un rythme un peu plus soutenu et souvent des conditions de vie un peu éloigné de ses besoins naturels, plusieurs séances peuvent être nécessaire afin de garantir une intégrité physique optimale et permettre à cet athlète d'être toujours au meilleur de sa forme!

Qu'est ce que l'ostéopathie équine?

L'ostéopathie est une approche thérapeutique non conventionnelle qui repose sur l'idée que des manipulations manuelles du système musculo-squelettique et myofascial permettent de soulager certains troubles fonctionnels.

Créée le 22 juin 1874 par le médecin américain Andrew Taylor Still (1828-1917), l'ostéopathie est fondée sur des techniques manuelles visant à la conservation ou la restauration de la mobilité des différentes structures de l'organisme. Méthode thérapeutique à visée préventive et curative, elle se base sur l'idée selon laquelle toute perte de mobilité naturelle des organes les uns par rapport aux autres apparaît au niveau des muscles, des tendons, des viscères, du crâne ou des enveloppes (fascia) et induit des dysfonctionnements

Le père fondateur de l'ostéopathie équine est le docteur Dominique Giniaux.
En 1977, par un besoin viscéral de travailler avec ses mains, il se tourne et s’engouffre alors vers l’ostéopathie au contact de Jean Josse, Codirecteur et Cofondateur du COS (College Osteopa-thique Sutherland). 
« Jean Josse a su faire de moi, non pas un manipulateur, mais un vrai ostéopathe » « L’ostéopathie est avant tout un état d’esprit basé sur un concept découvert et énoncé il y a plus de 150 ans par l’américain A.T. Still et qui s’inscrit en quelques mots : la structure gouverne la fonction. Toute restriction de mobilité d’une structure de maintien, quelle qu’elle soit, entraîne des perturbations locales ou distantes ».
Par un travail de pionnier, il commence à transposer sa réflexion et sa pratique ostéopathique sur les animaux et particulièrement les chevaux. Il est le premier au monde à pratiquer l’ostéopathie chez le cheval et revendique à haute voix cette antériorité. Pour cela il invente de nombreuses techniques. Concernant la mise au point de ces techniques de manipulation, ses meilleurs professeurs sont les chevaux eux-mêmes… 
Quelques élèves privilégiés, qui ont reçu son enseignement, sous une forme de compagnonnage, ont pu apprécier d’année en année sa progression. 
Plus tard, ayant trouvé sa propre méthode pour « enseigner », ceci sous la forme du « Module Giniaux », il a des « élèves » aux Etats Unis, plus tardivement en France ainsi qu’en Allemagne.

http://www.dominiqueginiaux.net/Site_Officiel_de_Dominique_Giniaux/Portrait.html